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Pense au mythe de Sisyphe.
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Depuis que nous lui avons
parachuté ton encéphalogramme
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aucun des visiteurs n'a reparu.
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L'Océan est d'ailleurs aussi le siège
de mouvements inexplicables.
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Des îlots viennent
se former à la surface.
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Il y en a eu un pour commencer,
plusieurs autres les jours suivants.
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Tu voudrais dire qu'il nous a compris ?
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Comme ça, d'un seul coup ?
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Non. Mais nous pouvons
reprendre espoir.
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- Tu as quel âge, toi ?
- 52 ans.
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Et depuis quand tu es là ?
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Tu n'as pas vu mes
états signalétiques ?
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Après tant d'années sur la station
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Est-ce que tu ressens encore bien tes
attaches avec la vie sur la Terre ?
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Allons, d'ici à ce que tu me demandes
de t'expliquer le sens de la vie...
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Tu ne dois pas ironiser.
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Quand un homme est heureux,
il est rare que le sens de la vie
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et autres grandes questions
éternelles l'intéressent beaucoup.
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Il faut se les poser
au terme de son existence.
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Oui, mais comme nul ne sait quand
il viendra ce terme, chacun se presse.
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Ne te presse pas. Les plus heureux
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sont ceux qui ne se sont
jamais interrogés là-dessus.
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Peut-être. Le questionnement
correspond au désir de savoir.
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C'est pourtant le mystère qui permet
de perpétuer les simples vérités.
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Mystère du bonheur,
de la mort, de l'amour.
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Possible, mais mieux vaudrait
d'essayer de ne plus penser à tout ça.