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Je fais comme M. Rodin.
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Et que fait donc M. Rodin?
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Au risque de vous surprendre,
j'ai failli entrer dans les ordres.
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J'étais jeune.
J'avais une soeur aînée.
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Maria, que j'adorais.
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Elle est devenue novice...
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après une promesse de mariage
qu'un ami à moi n'a pas tenue.
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Elle en est morte de chagrin.
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Après sa mort,
je suis entré au monastère.
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Pour la garder vivante,
j'ai mené sa vie.
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Et puis mon directeur de conscience
m'a demandé de faire un buste de lui.
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En m'obligeant à sculpter,
il m'a rendu à la vie.
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A la mienne, je veux dire.
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Par miracle...
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cet homme a su faire la différence
entre un chagrin et une vocation.
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Sans doute.
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Je ferais la même chose,
je crois.
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Toi, Camille?
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Tu deviendrais religieuse?
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Je m'arrêterais.
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Quel orgueil!
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Je me demande
de qui tu tiens ça.
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Camille n'est pas
une orgueilleuse.
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Seulement, elle ne cède
jamais une once...
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de ce qu'elle estime
devoir lui revenir.
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Là où elle est violente...
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ce n'est que
parce qu'elle est passionnée.
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Enfant, elle s'amusait...
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à reproduire avec de la glaise
des os de squelette humain.
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Et elle les mettait au four
pour les cuire.
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Elle en perdait
le boire et le manger.
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C'était stupéfiant.
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Là où elle est ombrageuse...
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c'est parce qu'elle est
d'une grande intention.
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M. Rodin, lui, a dû
s'en rendre compte.
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N'est-ce pas,
M. Rodin?
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Ah, M. Claudel, le tempérament!
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D'où nous vient le tempérament?