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On m'avait oublié.
Je restais chez moi.
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J'allais mourir de faim ? Non.
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Je cire les chaussures,
je ramasse les ordures,
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je vends du charbon.
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Je dois nourrir ma famille.
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Je n'ai pas honte de le dire.
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Nous avons déménagé
de Santa Clara à La Havane.
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A La Havane,
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je n'étais pas sûr de moi,
parce que dans la capitale...
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il y a beaucoup de pianistes.
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Je me suis mis à jouer,
tout en étudiant,
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en apprenant
tout ce que je pouvais.
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Il s'est trouvé
qu'à côté de notre maison
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habitait
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un homme qui n'était autre qu'Arsenio.
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Il avait créé un groupe.
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Il m'écoutait jouer.
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Mais il était aveugle.
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Pas de naissance.
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Il avait eu un accident
et avait perdu la vue.
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Un jour, Arsenio m'a dit :
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"Rubén, tu aimerais
jouer dans mon groupe ?"
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J'ai répondu : "Bien sûr."
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Le pianiste du groupe
venait de partir,
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il était allé en Europe...
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Il m'a laissé la place.
Et j'ai joué avec Arsenio
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pendant quatre ans.
J'ai eu beaucoup de succès.