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J'ai reçu
des lettres anonymes d'élèves
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qui me disaient :
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"Même si on a parfois
un peu honte de nous,
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on ne peut pas te défendre
parce qu'on a peur."
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On continue par idéalisme, parce qu'on
a lutté contre le franquisme.
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Ils me disent aussi, et ça a influencé
ma décision de rester ici :
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"On a besoin de personnes comme toi
pour nous en sortir."
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Ici, on dit toujours que seules
quelques personnes sont menacées.
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Moi, je reçois tous les jours
5 messages électroniques :
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"on va te tuer, on a déjà tué
un Muguruza, tu seras le second."
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Ils ont tué Josu. On travaillait
ensemble, mon ami et moi.
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Pourquoi doivent-ils partir,
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ces musiciens, cinéastes,
écrivains, politiques ?
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Certains de mes collègues
n'étendent pas leur linge
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afin de ne pas être identifiés
comme policiers.
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Charpentiers, cuisiniers...
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Les femmes de ménage
qui sont socialistes
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vont travailler sous escorte.
C'est quoi, ce pays ?
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Les gens ont peur, très peur.
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Une personne menacée doit d'abord
être respectée et défendue.
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Mais on ne peut pas tirer profit
de la menace pour vivre.
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Quand il a été défendu,
il faut analyser ses arguments.
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Sur ces intellectuels
qui sont partis
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Il aurait fallu une plus grande
fermeté intellectuelle,
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quelques-uns étaient menacés de mort,
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d'autres se considéraient menacés
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plus de discussion
et moins de propagande.
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mais d'autres ont bien profité
de la situation.
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Je n'irai pasjusque là.
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On ne peut demander
d'être objectif
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à celui qui souffre du terrible impact
de cette violence politique.
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Mais oui, je crois qu'il existe
des menacés officiels,
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presque professionnels,