:53:12
- QueIIe heure est-iI ?
- 20 h 42, monsieur.
:53:15
J'en doute bien qu'iI est 20 h 42.
:53:18
- Monsieur sembIe nerveux.
- Je Ie suis, Gaston.
:53:20
Excusez-moi. Depuis votre rencontre
avec Ia dame boIchevique,
:53:24
vous avez beaucoup changé.
:53:27
- C'est vrai ?
- AbsoIument.
:53:30
J'ai été surpris, hier,
en rentrant du marché
:53:33
de voir que vous aviez fait votre Iit.
:53:35
J'ai été heureux toute Ia journée.
:53:37
C'est comme si je m'étais rendu utiIe.
:53:39
Monsieur, j'ai été très étonné de trouver
:53:42
Le Capital de Marx
sur votre tabIe de chevet.
:53:45
Je me refuse à épousseter
cette oeuvre, monsieur.
:53:50
Je me méfie de I'infIuence
qu'a sur vous cette dame.
:53:53
Ça m'étonne, Gaston.
:53:55
Ne comprenez-vous pas
I'injustice de votre situation ?
:53:59
Vous êtes mon domestique,
:54:00
ne voudriez-vous pas être mon égaI ?
:54:03
Non, monsieur.
:54:04
AIors, aucune révoIte ?
:54:06
Vous n'avez jamais eu envie
de m'assommer ?
:54:09
Non, monsieur.
:54:11
Réactionnaire !
:54:13
En votre for intérieur,
vous attendez Ie moment
:54:15
où vous pourrez me dire fièrement :
:54:18
''Hé, d'AIgout,
maintenant on partage tout.''
:54:20
Oh, non, monsieur. QueIIe terrifiante idée !
:54:24
Comprenez-moi bien.
:54:26
Je ne me pIains pas de ne pas être payé
depuis deux mois,
:54:29
mais diviser en deux
mon compte en banque
:54:32
et partager mes économies avec vous,
:54:34
ça jamais.
:54:38
Au Iit, petit père.