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Je vois encore aujourd'hui le pistolet
et chacune des têtes tomber.
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L'un d'eux gardait la tête immobile.
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Un autre tremblait,
même sa tête s'agitait.
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Un seul, le dernier,
cachait son visage dans ses mains.
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Son chapeau est tombé,
et Pablo a dit : "Il est poli, Pilar,
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il enlève son chapeau
devant une femme comme toi."
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Alors la foule s'est rassemblée
devant la mairie.
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Nous demandions :
"Pourquoi faire comme ça ?"
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"Pour économiser les balles,
et pour que tous participent."
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J'avais ramassé le chapeau
d'un garde civil, et on m'a dit :
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"Quel mauvais goût ! Nous en avons fini
avec les gardes civils."
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Des ivrognes beuglaient
comme dans une corrida.
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"Pablo, fais sortir le taureau !"
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Et tout le monde a crié :
"Voilà le premier !"
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C'était Don Perito García, le maire.
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Il a avancé entre les rangées,
et il ne se passait rien.
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Il a passé deux hommes,
puis quatre,
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puis huit, sans qu'il se passe rien.
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Alors, quelqu'un a crié du toit :
"Et alors, espèce de lâche ?"
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Mais il ne se passait rien.
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J'ai vu un homme
en conflit avec le maire
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à propos d' un bout de terrain,
et qui le haïssait.
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C'est lui qui, le premier,
a levé son fléau.
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Don Faustino Rivera
harcelait sans cesse les femmes.
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Il voulait être toréador, passait son
temps avec des Gitans et des toreros.