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Ni à soixante-dix ans ...
N'existent que présence et clarté.
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Il n'y a ni ténèbres ni mort ici-bas.
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Déjà nous voici tous sur la côte,
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Je suis de ceux qui halent le filet
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Quand I'immortalité remonte des fonds.
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Habitez vos foyers,
les foyers tiendront bon.
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Je convoque un siècle au hasard,
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J'y entre, j'y bâtis ma demeure.
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C'est pourquoi j'ai à table avec moi
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Vos enfants, vos épouses,
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Et même assiette
pour I'aïeul, le petit-fils -
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Ici, maintenant, s'accomplit le devenir.
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Car si je lève la main,
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Les cinq rais restent pour vous.
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Les jours révolus je les ai tous épaulés
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De mes clavicules-étais.
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J'ai mesuré le temps
à la chaîne d'arpenteur,
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Et comme I'Oural
je I'ai traversé de part en part.
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Car j'ai choisi le siècle à ma taille.
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Nous descendions au Sud,
la poussière montait sur la steppe,
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La ronce fumait,
le criquet polissonnait,
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Venant tâter de la moustache nos sabots
et chuchoter des prophéties.
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Pour moi c'était la mort, foi de prieur.
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J'ai donc jeté mon sort
en travers de la selle,
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Et dans les temps futurs,
pareil au gamin,
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Je m'arc-boute sur mes étriers.
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J'ai assez de mon immortalité
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Pour qu'aille mon sang couler
d'un siècle I'autre,
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Pour un coin sûr où il ne fait pas froid
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J'eusse volontiers donné ma vie,
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Encore que sa pointe ailée est le fil
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Qui me conduit sur les routes du monde.