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Eva, ça, c'est l'image schématique
que j'ai imaginée...
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du Bruno du dedans
qui voit les choses comme ça,
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et devant qui,
les portes lentement...
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se ferment, bien poliment.
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Maintenant, on est en Amérique.
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J'avais cru qu'en Amérique
tout irait mieux,
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qu'enfin, on atteindrait notre but.
Eh bien, non !
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Le Bruno, on le balaie
comme s'il n'avait jamais existé.
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Aujourd'hui,
tu ne me connais plus.
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Personne ne te piétine, ici.
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Non, pas pour de vrai.
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Pas visiblement. Mais mentalement.
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Comment ça ?
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Dans les Centres...
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c'était exactement comme ici.
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Celui qui mouillait son lit,
du temps des Nazis...
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il n'avait pas droit
à la corde à linge,
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celle où on accrochait la lessive.
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Il fallait qu'il tienne son drap,
toute une journée, bras en l'air.
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Derrière, il y avait l'éducateur,
avec son gourdin.
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Et gare à celui
dont les bras retombaient...
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de fatigue :
il prenait la raclée.
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Oui, le Bruno se rassoit.
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Toi aussi, tu as connu ça ?
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Oui. Mais là, c'était visible.
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Aujourd'hui,
ça se passe autrement.
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Ils ne font plus comme ça,
ou comme ça...
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ils agissent poliment.
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Avec le sourire.
C'est bien pire.