1:25:00
	J'ai comme l'impression d'être
collée à un mur par un camion
1:25:05
	Tout mon corps me crie :
'' Cours ! '',
1:25:10
	mais rien à faire.
1:25:12
	je me débats, je piétine,
je cours, je saute, je m'acharne
1:25:16
	mais je ne fais que m'enfoncer.
1:25:20
	Quelque part dans ma tête,
je crois bouger.
1:25:23
	Quelque part, en fait, je cours.
1:25:24
	Quelque part, en moi,
je suis tranquille.
1:25:28
	Calme. Morte.
1:25:30
	Mon âme ne s'élève pas.
Ni mon esprit.
1:25:34
	Mais je cours.
1:25:36
	Je traverse l'univers,
tel un derviche tournant sans fin,
1:25:39
	sans dessein,
sans vie à vivre. Et pourtant,
1:25:43
	je veux atteindre cet endroit
où je pourrai courir, libre.
1:25:47
	Ces deux mots sont incompatibles
dans la réalité.
1:25:51
	Courir.
1:25:52
	Libre.
1:25:53
	Je suis collée au mur
par un camion.
1:25:58
	Cours, libère-toi... ça semble dur,
et pourtant ça serait si facile.
1:26:03
	Demi-tour, va-t'en,
1:26:05
	libère-toi de toutes ces attaches,
de tous ces liens.
1:26:08
	lnvente-toi des excuses, comme si
elles avaient toujours existé.
1:26:12
	C'est l'ordre naturel des choses,
1:26:13
	à ton esprit intelligent
de l'appréhender.
1:26:15
	De te protéger
contre ce qui ne te menace plus.
1:26:19
	Moi, je crois.
1:26:21
	Comme une prêcheuse
en transe,
1:26:23
	je sermonnerai
là-haut sur la montagne,
1:26:26
	dans 20 langues différentes,
1:26:27
	plongeant dans 20 000 pieds
d'eau bénite.
1:26:30
	Je crois, comme mon frère
truffé de balles,
1:26:34
	se vidant de son sang dans un
dernier souffle, une dernière prière
1:26:38
	peut-être la première, si vraie,
dans l'espoir de sauver sa peau.
1:26:43
	Dieu n'existe pas dans le désespoir,
l'espoir est mort
1:26:47
	quelque part dans le caniveau,
au coin de la rue, sous les pieds
1:26:50
	d'une pute attendant sa prochaine
passe, en suçant une bite.
1:26:55
	J'ai 2 minutes,
2 putains de minutes,
1:26:58
	avant de m'enfuir ou de mourir.