:11:00
	Les voici les deux ensemble.
:11:10
	Allons, monsieur, ne vous énervez pas.
:11:13
	J'essaie.
:11:14
	Voulez-vous un brandy ?
:11:16
	Non, merci. Ça me fait mal à I'estomac.
:11:19
	De I'aspirine?
:11:20
	Merci, ça me fait mal à la tête.
:11:22
	Comment s'appelle-t-il, déjà?
:11:25
	Il s'appelle Frank Flannagan. Américain.
:11:27
	Très riche. Pétrole, travaux publics,
:11:31
	turboréacteurs.
:11:33
	"La pause fraîcheur" ?
:11:34
	Non, c'est I'autre.
"Pepsi-Cola, c'est la forme !"
:11:38
	Mais ne tirons pas de conclusions hâtives.
:11:40
	C'est cette terrible incertitude
qui me rend fou.
:11:45
	Il vient à Paris chaque année.
:11:47
	Je sais quand il arrive.
Mes affaires progressent de façon notable.
:11:50
	J'aurais dû emmener ma femme à Londres.
:11:53
	Il sévit également à Londres... Et à Rome...
:11:56
	Vienne... Madrid...
:11:58
	Voici les pays scandinaves.
:12:01
	Il y a eu un épisode à Stockholm,
:12:04
	avec des soeurs jumelles...
:12:08
	Mais je vous ennuie avec mes statistiques.
:12:10
	Cela dure depuis combien de temps?
:12:12
	Depuis qu'il a seize ans, je pense.
:12:16
	Non. Avec ma femme.
:12:18
	Une semaine.
:12:20
	Ils dînent tous les soirs dans sa suite,
au Ritz.
:12:22
	Au Ritz?
Tout le monde nous connaît au Ritz !
:12:25
	Ne vous inquiétez pas.
Elle est très discrète.
:12:28
	Elle prend toujours I'ascenseur de service
:12:30
	et porte toujours une voilette.
:12:34
	Elle arrive généralement
dans sa suite - la 14 - vers neuf heures,
:12:38
	et vous serez soulagé d'apprendre
qu'ils ne sont pas seuls.
:12:41
	C'est vrai?
:12:42
	Il y a toujours quatre musiciens tziganes.
:12:48
	Pour commencer, ils jouent un air
qui s'appelle "Hot Paprika".
:12:52
	Ensuite, un peu de Liszt, un peu de Lehár...
:12:55
	une ou deux czardas,
:12:57
	et à dix heures moins cinq,
ils jouent toujours "Fascination".