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Quoi, haïïr?
Non. Je ne conçois pas la haine.
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Comment peut-on haïïr
et garder sa raison?
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Et je suis sûre d'être saine d'esprit.
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En dépit de toutes
les apparences contraires.
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- Votre tante, Mme Venable...
- N'y pouvait rien, pas plus que moi.
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Que voulez-vous dire?
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Tous, nous adorions Sébastien.
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Femmes, hommes, enfants,
animaux, minéraux, végétaux...
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Sébastien n'était pas un homme,
mais une vocation.
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Ma pauvre tante fut captive
dès le début.
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Elle aimait Sébastien et nul autre.
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Elle renonça á tout pour Sébastien...
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même á son mari.
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Comment était M. Venable?
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C'était un brave homme.
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Mais ennuyeux jusqu'au génie.
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C'est Sébastien
que vous venez d'entendre...
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et dans sa bouche
ce n'eût pas semblé cruel.
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Quand ma tante ou moi parlons
son langage, nous semblons insensibles.
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Nous ne le sommes pas, même
si nous faisons des choses terribles.
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Quoi, par exemple?
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Ma tante a laissé mourir son mari
á cause de Sébastien.
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Elle l'a tué, selon certains.
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Comment cela?
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Un été, Sébastien décida
de renoncer au monde...
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et de se faire moine bouddhiste.
Cela se passait au Tibet.
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On le tondit et armé d'un bol,
il mendia son riz. Il fut heureux...
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jusqu'á l'arrivée de ma tante.
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Que fit-elle?
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Elle se fit ermite, prononça
des vux, ou je ne sais quoi...
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n'importe quoi pour être près de lui
et le ramener á elle.
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C'est au Tibet qu'ils apprirent...
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que M. Venable était mourant
et désirait la voir.
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Elle choisit de rester?
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Elle choisit de laisser
son mari mourir seul.