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Il faut que vous sachiez que mon père
était un médecin renommé à Boston.
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Il était membre
de la faculté médicale de Harvard.
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Il était veuf et j'étais sa seule enfant.
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Il n'était pas particulièrement religieux.
Méthodiste et sobre.
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Un soir, il y a sept ans,
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il a assisté à une réunion pentecôtiste
à Harvard,
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et il s'est mis à délirer.
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Il est tombé à genoux au fond de la pièce
et a commencé à parler couramment
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un langage
que nul n'avait entendu auparavant.
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Ce genre de trucs arrive souvent
aux réunions pentecôtistes,
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et a commencé à arriver régulièrement
à mon père.
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Souvent, je rentrais à la maison
et trouvais mon père assis dans son bureau,
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extrêmement serein,
en train de parler cette langue bizarre.
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À l'époque, j'avais 20 ans
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et j'étais dans la phase obligée
du petit ami exotique.
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Dans mon cas,
un Indien Hopi thésard à Harvard
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qui faisait son doctorat
dans les langues aborigènes du sud-ouest.
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Un jour, je l'ai amené à la maison
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au moment même
où mon père tombait à genoux en transe.
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L'lndien s'est retourné et a dit:
"J'hallucine!"
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Mon père parlait un dialecte apache,
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un dialecte obscur, à vrai dire,
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parlé uniquement
par une bande de rebelles enragés
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qui avaient rejeté les réserves
pour aller vivre dans l'isolement
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des montagnes de la Sierra Madre,
dans le nord du Mexique.
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Qu'est-ce que vous en dites?
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Qu'est-ce que je suis censé dire?
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Je picole ici tranquillement
et vous venez me raconter
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l'histoire hallucinante
de la conversion de votre père.
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Vous n'y êtes pas.
Pas celle de mon père, la mienne.
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À l'époque, je prenais pas mal d'acides.
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J'avais expérimenté quelques déformations
sensorielles, un désespoir suicidaire,
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mais rien d'aussi dingue que de parler
couramment un obscur dialecte apache.
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Hallucinant, non?
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J'avais le souffle divin sous mes yeux!