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	En dépit du bon sens.
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	Bizarrement, il existait entre nous
aussi une certaine complicité,
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	qui se manifestait
même pendant ses crises de nerf.
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	Peut-être savait-il parfois
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	au fond de lui, très vaguement,
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	qu'il fallait
qu'il pique une crise de nerfs.
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	Je le provoquais souvent
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	en faisant une réflexion méprisante,
sachant qu'il exploserait.
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	Je savais qu'il allait crier
pendant une heure et demie.
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	Il criait de toutes ses forces,
l'écume aux lèvres,
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	jusqu'à épuisement.
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	Comme dans "Aguirre" par exemple,
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	quand Aguirre, pendant sa rébellion,
tombe dans la folie.
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	Je savais qu'il fallait
une voix sourde, menaçante.
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	Kinski voyait ça autrement.
Il voulait
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	qu'Aguirre s'agite et crie
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	en proclamant qu'il était
le grand traître et la colère de Dieu.
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	Mais je crois qu'au fond de lui,
il me comprenait
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	et savait que je le provoquerais,
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	qu'il aurait d'abord sa crise de nerfs,
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	et qu'ensuite, on tournerait la scène.
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	Je suis le grand traître.
Qu'il n'y en ait pas d'autre !
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	Quiconque projette de déserter
sera découpé en 198 morceaux.
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	Ces morceaux seront piétinés
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	jusqu'à ce qu'on puisse
peindre les murs avec.
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	Pour un grain de maïs
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	ou une goutte d'eau
en plus de la ration,
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	la peine sera de 155 ans de prison.
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	Si moi, Aguirre, je veux que les oiseaux
tombent morts des arbres,